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Essai longue durée | Daily driver : Suzuki Jimny 1.5 VVT

Par Julien - 6 avril 2020
Essai auto longue durée : Suzuki Jimny

Le Suzuki Jimny peut-il être un allié du quotidien ? Peu puissant, pas franchement confortable, un poil bruyant, mal suspendu sur route, le franchisseur japonais est-il uniquement réservé aux accrocs des chemins et du hors piste ?

Le Jimny est une histoire d’amour qui dure depuis 50 ans chez Suzuki. En fait, nous fêtons actuellement les 50 ans du 4×4, alors… joyeux anniversaire, petit Jimny ! Un carton commercial pour Suzuki, imaginez un peu : la marque a vendu environ 3 millions de Jimny depuis 1970. On parle souvent de la Mazda MX5 en la prenant pour exemple de la réussite japonaise d’un modèle atypique, mais ce serait vite oublier le Jimny.

SOMMAIRE

Suzuki Jimny

Lui qui est toujours assemblé à l’usine de Kosai au Japon, n’a quasiment jamais changé de philosophie. C’est aussi ce qui fait le succès : en France, les délais de livraison étaient devenus ridiculement longs, l’usine de Kosai ayant été totalement saturée par la demande mondiale pour le Jimny 4, à son lancement en 2018.

Vous le verrez plus bas : là où le Jimny passe, tous les 4×4 ne passent pas forcément. Remercions le poids d’une tonne, la bonne gestion de la transmission intégrale et les pneus relativement fins. Le problème, c’est que malgré son empreinte carbone faible sur le papier, le Jimny se prend un malus gigantesque en France. C’est ainsi que Suzuki a décidé de le supprimer (temporairement) du catalogue, pour revenir sous une forme légèrement différent…

Suzuki Jimny – Intérieur, technologie, coffre

Sièges, position de conduite

Vous le verrez, nous nous répèterons souvent sur un point dans ce Daily Driver : le Jimny fait l’impasse sur de nombreuses choses pour se concentrer sur l’essentiel et rester léger. Et cela commence dès l’installation au volant. Le siège, de meilleure qualité que les précédentes générations, n’offre que deux réglages : avance/recul du siège, inclinaison du dossier. Pas de réglage de hauteur de siège, et encore moins du maintien lombaire. Le volant, lui, n’est réglable qu’en hauteur, et pas en profondeur.

interieurSuzuki Jimny

Le problème de cette configuration, c’est que les grands gabarits se sentent assez « mal » au volant. Il faut dire que le Jimny est un véhicule 100 % japonais, assemblé dans une usine spécialisée dans les Kei Cars et véhicules légers, et destiné à un marché où la taille moyenne des conducteurs est nettement plus petite qu’en Europe… N’espérez pas plus de réglage pour le passager, qui se contentera des deux ajustements cités plus haut. Ajoutez à cela un vrai manque de maintien latéral des sièges sur route (vous avez intérêt à être bien gainé lors des montées et descentes de cols, sinon vous tanguerez plus qu’un chalutier breton en pleine houle), et vous comprenez vite que le Jimny n’est pas un accompagnant idéal au quotidien.

La banquette arrière se rabat en 50/50 pour former un plancher parfaitement plat, avec un revêtement rigide robuste. N’espérez pas, en revanche, voyager avec des adultes à l’arrière, c’est juste impensable vu l’espace aux jambes.

Ce premier bilan peut faire peur, mais évidemment, il faut rester dans la nuance. Ce n’est pas non plus une catastrophe, et  c’est nettement mieux que la précédente génération ! Tout a progressé : confort, douceur des commandes, insonorisation…

Technologie

Ce chapitre ira assez vite ! Mais qui dit franchisseur ne veut pas forcément dire absence totale d’équipement technologique. Climatisation automatique, écran tactile 7 pouces avec Android Auto et Apple Carplay ou encore alerte de collision, le Jimny propose l’essentiel.

Suzuki Jimny

Le maintien dans la ligne peut être désactivé… et reste désactivé en permanence. Bon point !

Mais a-t-on réellement besoin de plus ? A vrai dire, jamais nous sommes-nous dits pendant notre période d’essai d’une dizaine de jours que le Jimny manquait de quelque chose. Après tout, les autos deviennent bardées de gadgets électroniques, mais une récente étude américaine avait démontré que la plupart des automobilistes ne se servent que d’un tiers (ou moins) des équipements de leur auto.

Aides à la conduite

  • Permutation automatique des feux de route/croisement
  • Régulateur de vitesse
  • Alerte de franchissement de ligne
  • Aide au démarrage en cote
  • Système de freinage pré collision

Ecran tactile

Ici, nous pourrions faire les mêmes reproches que celles de notre Daily Driver sur la Swift Sport. Les menus sont simples, mais le travail sur l’OS (système d’exploitation) est très limité. Les graphismes sont très simples, la navigation n’est pas toujours des plus fluides, et l’écran tactile manque de précision dans le toucher. Il arrive parfois qu’il faille insister lourdement sur certaines zones de l’écran.

écran Suzuki Jimny

Il faut tout de même noter la présence du duo Android Auto/Apple CarPlay, un outil finalement utile, y compris dans le Jimny. La marque japonaise a très bien fait de les intégrer dans un véhicule qui, pourtant, aurait  bien pu s’en passer.

Rangements

Là, le bat blesse. Pas de vide poche, des rangements de portières très petits, et l’impossibilité de caser un téléphone portable à la verticale. Nous voulions en effet nous servir de Waze sur un smartphone qui n’avait pas Android Auto, et nous avons beau eu chercher un endroit où stabiliser le téléphone dans l’habitacle : choux blanc !

Suzuki Jimny

Mis à part quelques petits espaces de rangement (entre les deux sièges, par exemple), le Jimny n’est pas franchement le roi de l’accueil. Prévoyez donc sac à main pour la demoiselle (ou la dame), et poches profondes pour monsieur.

Coffre

Sièges arrière déployés, vous aurez un joli coffre de voiture radiocommandée : 85 litres. Autant vous dire qu’il vous faudra vous casser la tête pour stocker ne serait-ce qu’un sac de voyage de petite taille. Le sac à main rentre, mais pas plus.

Du coup, pour pouvoir charger vos rondins de bois, vos outils, un vélo, il faudra obligatoire rabattre les sièges arrière, qui vous laisseront ainsi accéder à 377 litres de stockage, avec un plancher bien plat. Le souci se trouve du côté du revêtement de ce dernier : s’il respire la robustesse, il est affreusement glissant. En clair, si vous partez faire vos courses en Jimny, prévoyez un moyen de « caler » vos sacs de course, sans quoi vous retrouverez vos oeufs mélangés à la farine avant même d’être arrivés à la maison. Il existe probablement des solutions (filet ?), mais à confirmer…

coffre Suzuki Jimny

Notons par ailleurs l’ouverture du coffre, avec une grande porte latérale. C’est bien pour l’accès, mais moyen pour l’ouverture en cas d’espace limité (parking souterrain, ville…). Et à plusieurs reprises, notre exemplaire de Jimny avait une porte de coffre qui ne voulait pas se verrouiller en ouverture. Il fallait donc la maintenir à la main.  Problème isolé de vérin ? Cela n’a heureusement pas duré.

Suzuki Jimny – Conduite : à son volant

Moteur

Les anciens moteurs 1.3 « JB » ont été remplacés par un tout nouveau bloc 1.5 atmosphérique K15B, développant 102 ch et 130 Nm. Sachez par ailleurs qu’il existe une version trois cylindres 660 cc suralimentée, mais seulement pour le Japon, sur la variante « Kei » du Jimny.

moteur Suzuki Jimny

Il ne faut que quelques kilomètres de route pour comprendre que ce moteur a été pensé pour le Jimny. Il n’offre absolument aucun raffinement au petit 4×4 en usage routier et se « contente » de le tracter d’un point A à un point B. Là où le Jimny s’illustre toutefois par rapport à l’ensemble de la concurrence des tout-terrains, c’est au chapitre de la consommation : en conduite normale, nous avons tourné autour des 7 l/100 km. Essayez donc de faire ça avec un Mitsubishi Pajero, un Nissan Patrol ou même un Lada Niva (qui est nettement plus lent que le Jimny)…

Moteur atmosphérique oblige, la puissance est atteinte à haut régime. Il faut grimper à 6000 tr/mn pour avoir droit aux 102 ch, dans un environnement sonore assez « envahissant ». Heureusement, les rapports de boîte sont courts (la vitesse max est à un peu moins de 150 km/h), et en jouant du levier de vitesse, on parvient sans problème à s’insérer, suivre le flot de véhicules et même doubler, moyennant une longue ligne droite, et un peu de courage et de prise d’élan.

Boîte de vitesses

Suzuki Jimny

La boîte de vitesses est une manuelle à cinq rapports, mais sachez qu’il existe une version automatique à quatre rapports, toutefois peu vendue. Le Jimny ayant surtout une vocation de voiture « utilitaire » (dans le sens « utile » du terme), il ne faut pas s’attendre à une boîte de Honda Civic Type R. Le guidage est correct, mais sans plus, les verrouillages fermes (et parfois accrocheurs), et le débattement important. Et vu qu’il est important de jouer du levier de vitesses sur route, autant vous dire que vous allez vous attarder un certain temps sur les désagréments du maniement de cette boîte. Heureusement, en tout-terrain, ces points noirs se font oublier…

La transmission reste malgré tout très classique : boîte de transfert, gamme courte, et c’est tout. Pas de blocage de différentiel sur les deux trains. Le Jimny dispose simplement d’un ESP évolué avec freinage automatique de la roue qui patine pour limiter les pertes d’adhérence.

Suspensions, direction, freinage

Avant toute chose, vu la popularité du Jimny, sachez que les options de personnalisation sont nombreuses. A peine sorti, le petit 4×4 a déjà été au centre de l’attention des préparateurs qui proposent des kits complets de suspensions pour réhausser (40 mm, parfois plus) l’assiette du Jimny.

D’origine, le Jimny dispose de suspensions à ressorts hélicoïdaux (les lames ont été abandonnées, mais les essieux sont toujours rigides) boulonnées sur un châssis échelle renforcé. Sur route, le comportement est peu flatteur : le Jimny est très sensible au vent latéral (léger, et haut sur pattes), la direction est floue, trop démultipliée, et les suspensions filtrent mal les petites aspérités. Ajoutez à cela une prise de roulis non négligeable. Nous avons tenté la montée de col en Haute-Savoie avec le Jimny, loin d’être ridicule. Mais le niveau sonore du moteur devient vite fatigant, tout comme ce satané manque de maintien des sièges avant…

Suzuki Jimny

En tout-terrain, tout cela change. Notre exemplaire était doté de pneumatiques mixtes. En clair : angles d’attaque/fuite/ventral excellents, poids plume, bons pneumatiques et gamme courte font que le Jimny se sort de tout. Littéralement tout. Une petite anecdote à ce sujet : nous avions un « guide » avec nous qui nous a montré les meilleurs coins pour faire du tout-terrain. Au menu : des ornières d’un demi-mètre, de la boue collante, des écoulements d’eau importants et une motricité précaire, même pour notre Jimny.

En pleine forêt, sous la pluie, notre guide nous explique : « ici, peu de 4×4 arrivent à passer en ce moment, à part un Lada Niva, mais avec quelques difficultés, alors à toi de voir…« . A moi de voir ? Ok, allons-y alors. Gamme courte et blocage des 4 roues enclenchés, petite prise d’élan, et le Jimny montre ce dont il est capable : il « suffit » de suivre le cap, de garder un semblant de rythme et de jouer du volant pour passer à peu près n’importe où. Une vraie merveille en tout-terrain, comme on n’en fait presque plus (les Nissan Patrol, Mitsubishi Pajero et autres vrais 4×4 « accessibles » ne sont plus produits).

Suzuki Jimny – Consommation, budget, coûts

Sachez qu’au moment où nous écrivons ce Daily Driver, le Jimny n’est plus vendu en France. La marque japonaise le réintroduira en 2021, mais sans banquette arrière et immatriculé en véhicule utilitaire, ce qui permettra d’éviter le malus. Nous vivons en effet dans une époque où un simple 4×4 de 1090 kg avec un petit moteur essence est castré par un malus à plusieurs milliers d’euros lorsqu’un Porsche Cayenne hybride de plus de deux tonnes et 680 ch est proposé sans aucun malus. Il faut bien établir des règles, mais elles sont malheureusement parfois absurdes : quel est le véhicule qui a la pire empreinte carbone sur son cycle complet entre un Jimny et un Cayenne ? Je vous laisse le soin de répondre.

Suzuki Jimny

Rappel : nous n’effectuons pas de calcul du PRK (prix de revient kilométrique) comme le font certains de nos confrères pour une raison toute simple : il se base sur des variables trop changeantes/incertaines, comme le financement (crédit, LOA…), la décote, l’assurance (qui dépend évidemment du profil du propriétaire) ou encore le prix d’achat (qui varie fortement en fonction des remises). Nous nous concentrons donc sur des critères simples et peu ou pas fluctuants : planning d’entretien, prix des pneus, coût en carburant, malus, achat (sur prix catalogue).

Carburant

On le rappelle, il s’agit d’un usage “daily”. Nous avons donc emmené le Suzuki Jimny comme n’importe quelle autre auto. La climatisation et la radio étaient toujours activées. Les températures moyennes oscillaient autour des 10°.

Plein 

  • 253 km
  • 50 % nationale/départementale, 25 % ville, 25 % tout-terrain
  • Consommation réelle : 7,3 l/100 km
  • Consommation ordinateur de bord : 7,2 l/100 km

Suzuki Jimny

Nous ne détaillerons pas la partie « Budget » étant donné que le Jimny n’est plus proposé pour l’instant. Il faudra donc attendre les prochains mois pour connaître les nouveaux tarifs et les frais d’immatriculation. Sachez toutefois que le Jimny est un véhicule très peu coûteux à l’usage (mécanique très simple, robuste). Cerise sur le gâteau : la décote est inexistante, et mieux encore. Le Jimny se revend aujourd’hui plus cher en occasion que lorsqu’il était vendu neuf. Si vous en avez commandé un avant qu’il ne soit suspendu, vous avez donc fait une belle affaire, pour peu que vous ayez réussi à ne pas payer le malus.

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2 Commentaires

  1. Samuel dit :

    Hello,
    petite erreur dans le texte : si l’ancienne Swift était effectivement produite en Hongrie, ce n’est plus le cas de la nouvelle qui est assemblée au Japon.
    Sinon très bel article, décidément cette marque est vraiment étonnante, votre résumé du Jimny « finalement il ne lui manque rien » veut tout dire, et quelle bouille d’amour, un vrai vent de fraîcheur dans un parking auto morose et effrayant (pour ma part).
    Je la verrai bien chez moi, avec ma SSS4 !

    1. Julien dit :

      Hello ! Effectivement, après verif’ tu as raison, la Swift IV ne vient plus de Hongrie. C’est corrigé 🙂

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