L’ONG écologiste Belge Transport & Environment jette un énorme pavé dans la mare du secteur automobile, en publiant les résultats d’une étude visant les véhicules hybrides rechargeables. Elle met en lumière les émissions polluantes de ces voitures, qui seraient nettement supérieures à ce que veulent bien admettre les constructeurs. Cependant, il convient d’analyser ces données plus attentivement avant d’enterrer définitivement ce type de motorisation.
Avant de faire le procès de l’hybride rechargeable, il convient de rappeler son principal avantage, sa polyvalence d’utilisation. La plupart des trajets effectués la semaine peuvent sans problème se faire en mode tout électrique, donc avec des émissions très faibles. A l’inverse, pour les plus longs trajets, le moteur thermique intervient afin d’augmenter le rayon d’action de la voiture.
Ce Lundi 23 Novembre 2020, l’ONG Transport & Environment rend public le résultat de son étude. L’organisation affirme que, selon cette investigation, les véhicules hybrides rechargeables pourraient être à l’origine d’un nouveau « dieselgate ». L’ONG a fait appel à la compagnie Anglaise « Emission Analytics » afin de procéder à la collecte des données nécessaires à cette étude, laquelle a pu constater des rejets de CO2 largement supérieures aux données officielles. Trois SUV familiaux plug-in hybrides ont donc servis de cobayes pour cette enquête : le BMW X5, le Volvo XC60 et le Mitsubishi Outlander.
Dans un communiqué, Transport & Environment indique que « avec une batterie vide, ils ont émis trois à huit fois plus de CO2 que les valeurs officielles. » L’ONG Belge précise également que « Lors d’une conduite en mode recharge de batterie, qui pourrait devenir plus courante puisque les conducteurs l’utilisent avant de passer en mode électrique dans les zones à faibles émissions, les chiffres étaient alors trois à douze fois supérieurs. »
C’est donc lorsque leur batterie est vide que les chiffres font peur. Avec une batterie à pleine charge, l’Outlander rejette 46g/km de CO2. Mais lorsque celle-ci est vide, ce chiffre grimpe à 164 g/km. Pire encore, lorsque le mode recharge de batterie est activé, les émissions explosent pour atteindre 216g/km ! Les trois SUV testés suivent la même tendance, mais la palme revient incontestablement au BMW X5. Rejetant seulement 32g/km avec sa batterie pleine, il en émet 254g/km une fois que le thermique prend le relai. Et ne parlons pas du mode recharge de batterie, qui fait monter ce chiffre à 385g/km.
Diane Strauss, Directrice de la filiale France de Transport & Environment, s’est exprimée afin d’appuyer les résultats de l’étude. « Les seuils d’émissions affichés par les véhicules hybrides sont trompeurs. Nos tests montrent que, même en conditions optimales, avec une batterie pleine, les voitures polluent plus qu’annoncé. […] Or en France, les ventes de véhicules hybrides ont continué de progresser, jusqu’à dépasser les ventes de véhicules électriques cet Automne. Le gouvernement Français doit supprimer au plus vite les aides à l’achat des véhicules hybrides et les incitations fiscales pour les véhicules d’entreprises. »
On le voit, la Directrice France en a gros sur la patate, et espère voir des changements assez rapidement. Pour l’instant, rien n’a été acté du côté du gouvernement Français concernant les aides à l’achat pour de tels véhicules. Il est pour l’heure assez difficile de dire quelles vont être les mesures prises à ce sujet, mais il faut absolument prendre les résultats de cette étude avec des pincettes. Pour commencer, force est de constater que les véhicules choisis pour les tests ne sont pas des poids plume. Leur gabarit n’est pas du tout aérodynamique, et leur poids très conséquent. On ne peut donc pas dire que leurs émissions élevées soient une surprise. D’autant qu’il faut également prendre en compte le surpoids occasionné par l’ajout des batteries, soit environ 300 kg.
D’autre part, même si elles sont souvent un peu optimistes, les normes WLTP restent fiables. La majorité des trajets quotidiens se faisant en ville, il est tout à fait possible de rouler tous les jours en mode 100% électrique, l’autonomie des batteries oscillant maintenant entre 50 et 80 km. Cependant, rappelons que l’autonomie reste fonction du type de trajets ainsi que de la façon de conduire. En fin de compte, ce qu’il faut surtout retenir de cette étude, c’est que les voitures hybrides rechargeables sont mal utilisées les trois quarts du temps. Voilà donc le plus gros défaut de ces véhicules, et il est à imputer aux conducteurs. Dans la tête du conducteur type d’hybride rechargeable, brancher sa voiture en rentrant chez soi est trop contraignant alors qu’elle peut se recharger en roulant. C’est d’autant plus dommage que ce type de comportement pourrait tuer dans l’œuf un segment de véhicules au moins aussi prometteur que le 100% électrique, avec cette incroyable polyvalence en plus.
Source : Transport & Environment