Crash-test : la fragilité des voitures sans permis enfin mise en lumière

Les voitures sans permis connaissent un engouement inédit en France. En l’espace de cinq ans, les ventes annuelles ont littéralement doublé, portées par les quadricycles légers de catégorie L6e, popularisés par la Citroën Ami depuis 2020.

Cette catégorie de véhicules peut être conduite dès 14 ans avec un simple permis AM, qui ne requiert :

• que 8 h de théorie,
• 4 h de pratique,
• et aucun examen du Code de la route

Résultat : des conducteurs extrêmement jeunes, peu expérimentés, mais immédiatement confrontés à la circulation dense. Certes, ces petites autos offrent plus de protection qu’un scooter… mais elles restent très vulnérables, surtout face aux voitures particulières (catégorie M1) bien plus lourdes et sécurisées.

Pour alerter sur ces dangers, MMA a organisé un crash-test public spectaculaire, ce 4 décembre à La Villette, en plein Paris.

Une Citroën Ami percutée à 60 km/h : démonstration choc

Le scénario du crash-test

Pour cette démonstration, MMA a utilisé :

• une Citroën Ami phase 1,
• deux mannequins représentant des adolescents non attachés,
• une Peugeot 308 SW de première génération roulant à 60 km/h,
• un impact latéral à 90°, simulant :
  • un stop non respecté,
  • une erreur d’appréciation de vitesse,
  • et l’absence de ceinture, fréquente chez les jeunes utilisateurs.

Selon MMA, il s’agit d’une situation “courante”.

Des conséquences spectaculaires

Le résultat est sans appel :

• la portière droite s’écrase et se déchire,
• l’habitacle se déforme violemment,
• les mannequins sont projetés dans tous les sens,
• le bras du conducteur sort même par la fenêtre sous la violence de l’impact.

Ce crash-test fait écho à ceux d’Euro NCAP (2014 et 2016) ou Dekra en 2024, qui montrent tous la même chose : le niveau de protection des voitures sans permis reste très faible, faute d’équipements de sécurité obligatoire dans les voitures classiques (airbags, ABS avancé, zones de déformation optimisées…).

Des statistiques alarmantes en 2024

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

• 1 décès pour 12 accidents impliquant une voiture sans permis, contre 1 pour 16 tous véhicules confondus.
• Sur 37 morts recensées en 2024 :
  • 34 étaient dans des quadricycles,
  • 8 avaient entre 14 et 17 ans.
• 13 % des conducteurs impliqués avaient consommé de l’alcool.
• 11 % étaient positifs aux stupéfiants.

À ce jour, 282 560 voitures sans permis circulent en France. Et leur vulnérabilité est exacerbée hors agglomération, où elles roulent à 45 km/h au milieu de véhicules circulant à 80 km/h.

En 2024 :

• 68 % des accidents mortels de voiturettes ont eu lieu hors des villes.

Distances d’arrêt : un facteur sous-estimé

À 45 km/h, il faut environ :

• 30 mètres pour s’arrêter sur sol sec,
• 40 mètres ou plus sous la pluie.

MMA lance un appel à la vigilance… et peut-être au législateur

« La voiture sans permis n’est pas un jouet », rappelle Guillaume Wirth (MMA). Malgré sa vitesse limitée à 45 km/h, elle reste :

• un véhicule motorisé,
• fragile,
• exigeant un strict respect du Code de la route.

L’assureur insiste aussi sur la nécessité d’une vraie formation, même sans permis B. Un message qui ressemble clairement à un signal envoyé aux décideurs publics, dans un contexte où ces véhicules sont utilisés de plus en plus tôt, et par un public souvent peu conscient des risques.