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Pourquoi Vanishing Point (1971) est le meilleur film auto de tous les temps

Vanishing Point film auto

Si vous ne l’avez pas vu, vous ratez quelque chose. Vanishing Point, sorti en 1971, est un chef d’oeuvre dans lequel le scénario passe au second plan. Pour laisser sa place à l’automobile, la liberté, et la quête du sans fin.

Vanishing Point est un film peu connu en France. Et même aux Etats-Unis, il eut droit à un lancement très mitigé en 1971, avec un résultat aux box-office plutôt mauvais. Mais des années plus tard, le film est revenu dans l’actualité, si bien qu’aujourd’hui, pour votre serviteur (et bien d’autres), il est considéré comme le meilleur film auto de tous les temps. Meilleur que Bullitt, en fait. Oui, on ose aller jusque là, et on vous dit pourquoi..

Drogues, liberté des corps

On ne vous spoilera pas le film, mais sachez que la drogue (le Speed) tient un petit « rôle » dans ce film, dans lequel la star (le conducteur, « Kowalski »), prend un défi stupide auprès de son responsable des convoyages de véhicules : près de 2200 km en moins de quinze heures pour amener la Dodge de Denver à San Francisco. Et pour tenir, il début son road trip avec… un trip. Aux amphet’.

Mettre autant en avant la drogue n’était pas quelque chose de fictif puisque les drogues de synthèse se développaient dans cette période (fin années 60, début années 70) et étaient quasiment en circulation libre, notamment dans les universités.

L’autre élément flagrant de ce film est l’illustration de la liberté corporelle à cette époque là aux Etats-Unis. Si, aujourd’hui, il ne faut pas choquer les âmes sensibles à la télévision ou au cinéma avec des corps nus, aucun problème en 1971, où l’esprit de liberté se manifestait aussi par un constat simple : les gens pouvaient s’habiller de la manière qu’ils voulaient, et se voir nus sans un jugement, un regard déplacé. Tout cela était normal… Impensable aujourd’hui !

Bande son

La bande-son du film nage en pleine période hippie et musiques psychédéliques, avec de bonnes doses de Rock’n’Roll. Le vrai, le pur, celui joué dans les enceintes des vieilles américaines, qui t’encourageait à rouler des heures sur des routes désertes avec le regard sur la route et l’esprit perdu dans ses pensées.

Et toute cette bonne musique est jouée par un animateur radio fantasque, « Super Soul ». Malheureusement, ce film, qui dépeignait une vraie réalité aux USA, montre aussi de quelle façon étaient traités les noirs. Et ce n’était pas glorieux…

Cascades sans trucage

On arrive à la partie qui nous intéresse : la bagnole ! La Dodge Challenger R/T. Plusieurs exemplaires ont été utilisés pour le film : certains en 440 ci (V8 7.4 litres) et d’autres en 383 ci. Le responsable des cascades exigeait une Challenger pour ce film, pour des raisons techniques : la qualité des liaisons au sol et la robustesse globale de l’engin, violemment malmené sur certaines scènes. Si certains passages ont été tournés à 80 km/h et accélérés ensuite, il y a aussi plusieurs course-poursuites tournées à d’importantes vitesses (150 km/h de moyenne…), sur des routes désertes.

Les sauts et passages à fond entre les voies d’autoroutes se sont faits avec les Challenger d’origine, qui ont plutôt bien supporté les maltraitances, puisqu’aucun moteur n’a lâché. En réalité, au delà des jumps, des chocs et des dérives à vive allure, le plus gros défi mécanique était la poussière qui a bien entamé les organes internes lors des séances de tournage.

Fait intéressant : c’est le responsable technique des autos du film Bullitt qui s’est occupé de la préparation des Dodge Challenger de Vanishing Point ! Et autre détail amusant : la voiture utilisée à la fin n’est pas une Challenger. Les observateurs les plus fins auront remarqué l’arrière d’une Chevrolet Camaro…

Parce que Dodge Challenger

A une époque où tout le monde parlait de Ford Mustang, de Chevrolet Camaro et de Plymouth/Dodge, il était presque étonnant de voir une Challenger prendre la place de la star. Ce n’était clairement l’auto la plus en vogue à cette époque, et pour cause : elle est arrivée tard au catalogue, était vendue plutôt cher par rapport à la concurrence, et uniquement avec de gros moteurs.

Le responsable technique du film déclarait d’ailleurs lors du tournage qu’il trouvait que le V8 440 ci était presque « trop puissant » pour la caisse de la Challenger qui n’encaissait pas toujours très bien les coups de canon sur les deux premiers rapports. Comme on dit : « l’arrière veut sans cesse passer devant !« .

Grands espaces, autre époque

Finalement, Vanishing Point est un film qui montre ce que nous ne pouvons plus faire, ce dont nous ne pouvons plus parler, ce que nous ne pouvons plus montrer. Des drogues, des paires de seins (sans que ça ne soit vulgaire), des absences totales de panneaux de signalisation, des conduites viriles, un irrespect total de l’autorité. Certains points, comme le sexe, la drogue et la conduite de V8 en mode « semelle de plomb » seraient aujourd’hui très incorrects. Imaginez une publicité pour une auto sportive (déjà, rien que ça, n’est plus possible !) dans laquelle le réalisateur filmerait des montées en régime, des bruits moteur et des dérives…

La prépondérance des grands espaces dans ce film est importante. Montrez ce film à un Parisien, cela sera comme un choc pour lui. Conduire une voiture, c’est déjà fou pour les Franciliens, mais sur des centaines de kilomètres, à bloc, sans croiser un seul bâtiment si ce n’est un campement de hippies défoncés qui écoutent les paroles de « Jesus » sur un fond de musique pyscho, c’est le passage assuré dans une autre dimension.

Finalement, regarder ce film illustre le problème de la société actuelle, qui ne sait plus apprécier la liberté, et qui pointe du doigt ceux qui aime le sexe, le rock’n’roll et les bonnes voitures, ou qui envisagent seulement d’en parler. D’ailleurs, on aurait pas dû dire ça, les associations seraient déjà en train de nous poursuivre en justice…

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