Depuis leur lancement, les moteurs essence PureTech et diesel BlueHDi, développés à l’époque du groupe PSA, traînent une réputation désastreuse. Multiples pannes, campagnes de rappel, coûts de réparation élevés : ces motorisations posent encore aujourd’hui de nombreuses questions. Malgré certaines améliorations, sont-ils enfin fiables ? Quelles garanties Stellantis propose-t-il aux propriétaires ? Voici un état des lieux détaillé.
Les moteurs PureTech et BlueHDi sont omniprésents dans les gammes Citroën, DS, Peugeot, Opel, et même Toyota. Le trois-cylindres PureTech a été lancé en 2013, tandis que le BlueHDi est apparu en 2017. Résultat : impossible d’y échapper, que ce soit sur le marché du neuf ou celui de l’occasion.
Le PureTech équipe à lui seul plus de 30 modèles, tandis que le BlueHDi est présent sous le capot de 38 véhicules différents. Ce sont donc des centaines de milliers d’automobilistes concernés. Sur le marché de l’occasion, la décote est d’ailleurs souvent plus marquée pour les modèles à moteur PureTech.
Le PureTech : cauchemar des utilisateurs et des ateliers
Le problème majeur : la courroie à bain d’huile
Conçu pour limiter les émissions, le PureTech repose sur une distribution par courroie immergée dans l’huile moteur. Mais cette innovation s’est retournée contre ses utilisateurs. En cause : une mauvaise conception de la segmentation qui laisse passer le carburant dans l’huile. Résultat : la courroie se détériore rapidement au contact de l’essence, entraînant des casses moteur, des obstructions du circuit de lubrification, voire des défaillances du système de freinage. Ce dernier a d’ailleurs motivé un rappel.
Premiers rappels et extension de garantie
Dès novembre 2020, une première campagne de rappel vise 220 000 véhicules en France et 500 000 dans le monde (modèles produits entre mars 2013 et avril 2017). L’intervention comprend la vérification de la courroie, de la crépine et, selon l’usure, le remplacement de plusieurs pièces : courroie, pompe à huile, électrovannes…
Une nouvelle campagne est lancée en février 2024 pour 70 000 véhicules (Citroën C3, Peugeot 208, Opel Corsa 82 ch produits entre 2022 et 2024) à cause d’une buse de refroidissement défectueuse pouvant provoquer un incendie.
Le PureTech Gen3 et ses limites
En 2023, Stellantis remplace enfin la courroie par une chaîne sur la version Gen3 du moteur. Mais les ennuis ne semblent pas terminés : de nouveaux problèmes de distribution apparaissent, notamment au niveau des pignons d’arbre à cames, sans commentaire officiel du groupe à ce sujet.
Plateforme d’indemnisation et garanties
Stellantis a ouvert début 2024 une plateforme d’indemnisation pour les véhicules produits entre janvier 2022 et décembre 2024. Sur 8 226 dossiers reçus, 4 437 ont déjà été traités, avec un taux de remboursement d’environ 60 %.
En parallèle, l’extension de garantie annoncée en avril 2024 couvre désormais jusqu’à 10 ans ou 180 000 km, à condition de respecter les entretiens dans les délais (avec une tolérance de 3 mois ou 3 000 km). Elle s’applique à tous les moteurs PureTech jusqu’à la fin de leur production, prévue pour fin 2025.
Le BlueHDi : une chaîne fragile et une gestion délicate
Chaîne d’arbre à cames sous surveillance
Le principal problème du moteur BlueHDi réside dans la chaîne de distribution reliant les deux arbres à cames. Trop fine (7 mm), elle se détend avec le temps, jusqu’à risquer la rupture. Selon les cas, cela peut provoquer un simple refus de démarrage ou une casse moteur en pleine route.
Pour y remédier, une chaîne plus large (8 mm) est introduite en février 2023, accompagnée d’une modification de l’huile préconisée. Une application d’analyse sonore permet également de détecter un éventuel jeu lors du passage à l’atelier.
Prise en charge et conditions strictes
Une prise en charge est mise en place début 2024 pour les véhicules produits entre octobre 2017 et janvier 2023, à condition qu’ils aient moins de 7 ans ou 180 000 km, et que l’entretien ait été parfaitement suivi (factures conformes, huile adaptée…).
D’autres soucis notables
- Voyant d’urée : sur les modèles jusqu’à 2022, une cristallisation du liquide peut allumer le voyant. Le remplacement du réservoir est alors nécessaire. Stellantis prend en charge si le véhicule a moins de 5 ans ou 150 000 km.
- Erreur logicielle : en septembre 2023, plus de 700 000 véhicules sont rappelés (Peugeot, Citroën, DS, Opel) pour une anomalie du voyant moteur en cas de défaillance de l’injecteur d’urée.
- Dépassement des NOx : en mars 2025, un rappel vise plusieurs modèles Citroën (C-Elysée, C3, C4, C3 Aircross, C5 Aircross produits en 2022) pour des émissions d’oxydes d’azote supérieures aux normes. Opel est aussi concerné.
Rappel massif et extension de garantie
En juillet 2025, Stellantis lance un vaste rappel portant sur 636 000 véhicules équipés de la chaîne de 7 mm. Une extenion de garantie est également annoncée : 10 ans ou 240 000 km, avec une prise en charge possible pour les clients déjà touchés, sous réserve de respecter les recommandations d’entretien.
Un groupe longtemps dans le déni
Pendant des années, PSA puis Stellantis ont minimisé les problèmes, au point de ternir leur image de marque. Des milliers de clients se sont regroupés en collectifs (MyLeo, Collectif PureTech) pour faire valoir leurs droits : on estime à plus de 500 000 le nombre de victimes du PureTech.
Le groupe commence enfin à réagir : rappels, extensions de garantie, plateformes d’indemnisation. Mais ces efforts tardifs suffiront-ils à rétablir la confiance ?
Faut-il encore faire confiance à ces moteurs ?
Le BlueHDi, bien qu’imparfait, semble bénéficier d’un suivi sérieux et d’une garantie plus robuste. En revanche, le PureTech continue d’inquiéter, malgré ses évolutions techniques.
Seul le temps dira si les dernières améliorations suffisent à redorer leur blason. D’ici là, prudence est de mise, surtout sur le marché de l’occasion.