L’année 2024 avait été synonyme de dynamisme pour le marché du pneu, avec une croissance de 7,4 % et plus de 17,2 millions d’unités vendues. Mais les six premiers mois de 2025 raconte une tout autre histoire : les ventes reculent de 4,7 % chez les distributeurs.
Cette baisse s’explique en partie par la tendance générale du marché automobile, qui influence directement celui du pneumatique. Selon le Syndicat du pneu, le segment des pneus tourisme est le plus touché avec une chute de 5,2 %. En revanche, les pneus destinés aux SUV et 4×4 résistent mieux, limitant leur recul à 2,3 %, preuve que leur présence croissante dans le parc automobile modifie les équilibres du marché.
Les pneus toutes saisons tirent leur épingle du jeu
Dans ce contexte morose, un segment affiche tout de même une belle progression : celui des pneus toutes saisons. En hausse de 6,8 % au premier semestre, ils représentent désormais 39 % des ventes.
Deux facteurs expliquent ce succès :
- La loi Montagne, qui incite de nombreux automobilistes à s’équiper d’une solution adaptée à la conduite hivernale.
- Le prix attractif, désormais inférieur à celui des pneus été (102 € contre 105 € en moyenne).
Cette double dynamique séduit de plus en plus d’automobilistes, qui privilégient la praticité d’un pneu polyvalent tout au long de l’année.
Les marques premium en perte de vitesse
Le constat le plus inquiétant concerne le choix des consommateurs. Pour la première fois, la part de marché des grandes marques Premium (Michelin, Continental, Bridgestone, Goodyear…) passe sous la barre symbolique des 50 %, tombant à 48,4 %. Leur recul est net : -5,4 % en seulement six mois.
La situation est encore plus critique pour les marques de deuxième ligne (BFGoodrich, Sava, Uniroyal…), qui enregistrent une véritable dégringolade avec une baisse de 16,5 %. Ces modèles intermédiaires se font écraser entre le haut de gamme et… le low cost.
Le boom des pneus low cost
Car ce sont bien les pneus Budget et premier prix qui progressent le plus fortement. Souvent importés de pays asiatiques (notamment de Chine), ils séduisent par leur prix plancher. Leur part de marché grimpe à 22,2 %, avec une progression de 10,2 % sur le semestre.
Mais cette tendance inquiète les experts, car la sécurité n’est pas au rendez-vous. Un test réalisé par le TCS sur des pneus hiver est édifiant : lors d’un freinage de 80 à 0 km/h sur route mouillée, un véhicule équipé de pneus Goodyear s’arrête complètement… alors que le même véhicule, équipé de pneus Syron Everest 2 (low cost), roule encore à plus de 45 km/h !
Ce décalage illustre parfaitement les risques liés à ces produits d’entrée de gamme : si le prix attire, la performance laisse clairement à désirer.
Les attentes des automobilistes
Fait intéressant : la montée en puissance des pneus low cost ne reflète pas vraiment les priorités des automobilistes.
Selon le Syndicat du pneu, les principaux critères de choix sont :
- la sécurité (48 %),
- la conformité avec la loi (43 %),
- la longévité (38 %),
- le confort de conduite (37 %),
- et la consommation de carburant (30 %).
Or, les pneus bas de gamme sont rarement performants sur ces points clés. Ce paradoxe montre que, sous la pression budgétaire, les conducteurs sacrifient parfois leurs priorités initiales.
Des prix globalement stables
Tout n’est pas négatif sur le marché. Après plusieurs années de hausses sensibles, le prix moyen des pneus s’est stabilisé. Sur le premier semestre 2025, il affiche une variation très légère de +0,9 %, pour atteindre une moyenne de 111,6 €.
Cette stabilisation pourrait contribuer à un retour en grâce des marques Premium, si les consommateurs retrouvent du pouvoir d’achat et s’orientent de nouveau vers des pneus plus performants et sécurisés.
L'avis de la redaction
Le marché du pneu en 2025 se trouve face à un paradoxe. D’un côté, les ventes globales reculent, tirées vers le bas par le segment tourisme. De l’autre, certains profils (comme les toutes saisons) affichent une croissance impressionnante.
Mais c’est surtout le glissement vers les pneus low cost qui interpelle. Si l’avantage financier est indéniable, il se fait au détriment de la sécurité, du confort et de la durabilité. À long terme, cette tendance pourrait poser de sérieux problèmes, aussi bien pour les automobilistes que pour la sécurité routière en général.